Substances cancérigènes, perturbateurs endocriniens... : voici les ingrédients peu attrayants que Greenpeace a détecté dans les vêtements d'une vingtaine de marques célèbres de prêt-à-porter (Armani, Benetton, Levi's, C&A, H&M, Diesel, Calvin Klein ...) et qu'elle dénonce dans le rapport "Les dessous toxiques de la mode" qui vient de paraître.
Pour réaliser cette étude, l'ONG environnementale a analysé plus de 141 échantillons en vente dans 29 régions du monde et fabriqués essentiellement en Chine. Greenpeace a ainsi trouvé, sur environ deux tiers des textiles, des éthoxylates de nonylphénol (NPE) - souvent utilisés comme détergents au cours du processus de fabrication et qui agissent comme des perturbateurs endocriniens sur l'homme (influence sur le système hormonal et les organes reproducteurs). Le niveau de NPE dans les articles variait de 1 à 45.000 ppm (partie par million), précise l'ONG, alors que le niveau de sécurité de ces produits chimiques est fixé à 1.000 ppm dans l'Union européenne. D'autres vêtements étaient également porteurs de phtalates et de colorants contenant des amines cancérigènes. Parmi les marques mises en cause, Calvin Klein est "la pire" avec plus de 88% des articles contenant des produits chimiques dangereux. En seconde position, Levi's (82%) et Zara arrive à la troisième place (70%). Une mauvaise surprise : Marks & Spencer, dont le plan A fait pourtant des merveilles, voit les vêtements à sa marque plutôt mal notés (67%). De leur côté, Benetton, Diesel et H&M s'avèrent les meilleurs de la classe avec un score global à 33%.
Greenpeace rappelle que ces substances chimiques sont également toxiques pour l'environnement, lors de la production (rejets industriels) mais aussi sous la forme des eaux de lavage, tout au long de la vie du vêtement. "Une fois libérées dans l'air ou dans l'eau, elles se décomposent dans des formes plus toxiques qui peut menacer l'écosystème" explique Greenpeace. Lancée en 2011, la campagne Detox de l'ONG dénonce les liens entre les ateliers de confection, la pollution des eaux et de nombreuses grandes marques de vêtements. L’an dernier, grâce à la mobilisation de consommateurs, de militants et de fashionistas aux quatre coins du globe, des géants de la mode tels que Nike, Adidas, Puma, H&M, Marks & Spencer, C&A et Li-Ning se sont déjà engagés à décontaminer leurs chaînes d’approvisionnement sous la pression de l'ONG, après la publication de "Dirty Laundry 1" et "Dirty Laundry 2", deux rapports qui montraient comment certains fournisseurs de grands groupes textiles empoisonnaient l'eau des fleuves chinois. Les grandes marques mises en cause cette fois-ci n'ont pas encore réagi officiellement. En France, l'ONG s'en prend particulièrement à Zara, numéro un mondial de l’habillement, avec une campagne demandant à l'enseigne de "décontaminer ses vêtements". Et d'ajouter : "Ces multinationales de la mode, de par leur taille et leur influence, peuvent faire en sorte que les pratiques de l’industrie textile évoluent!"